Il faut libérer d'urgence Oleg Sentsov
À tous ceux qui aiment le cinéma, le football et la démocratie... ou au moins l’un des trois.
Du 14 juin au 15 juillet 2018 aura lieu en Russie la grande fête du football. Il serait malvenu de la gâcher. Mais il faut peut-être rappeler à chacun — footballeurs, supporters, spectateurs — où ils s’apprêtent à mettre les pieds et à diriger le regard. En Russie, la presse libre n’est pas la règle, mais l’exception. La corruption est partout. La justice n’est pas indépendante. Le jeu politique est factice, car les partis d’opposition sont harcelés et ne peuvent participer aux élections. La censure règne dans le domaine artistique. Des personnalités d’opposition, comme Boris Nemtsov en février 2015, ont été assassinées. Des journalistes et des ONG sont soumis à une pression permanente. Des centaines d’artistes, d’entrepreneurs, de militants sont emprisonnés de façon arbitraire — comme le metteur en scène Kirill Serebrennikov, en résidence surveillée.
Vladimir Poutine s’apprête à se représenter pour un quatrième mandat. Il est quasiment assuré d’être élu. Il sera alors président jusqu’en 2024. Quant à Oleg Sentsov, il est en prison, au nord du cercle polaire, jusqu’en 2034. Ce réalisateur ukrainien a été arrêté peu après l’annexion de la Crimée par les forces spéciales russes. A partir de preuves fabriquées et de faux témoignages, ce militant du Maïdan a été accusé de fomenter des actions terroristes : destruction de statues de Lénine ou de bâtiments officiels. Il a été jugé en 2015 et condamné à 20 ans de prison. En septembre dernier, il a fait parvenir une lettre glaçante à la journaliste russe Zoïa Svetova. Il écrit notamment : « physiquement, bien sûr, personne ne me touche. Mais tu sais parfaitement que ce système peut punir et harceler de manière perverse, sans utiliser la force brute ». Nous n’en savons pas plus, car le détenu est pratiquement coupé du monde. Nous venons seulement d’apprendre que son état de santé se dégrade. Il faut agir vite.
Le monde du cinéma mondial, jusqu’en Russie, appelle à la libération de cet homme injustement condamné. Il est temps d’élargir ce cercle. Nous aussi, nous réclamons sa sortie de prison. A la veille de la probable réélection de Vladimir Poutine, et de la grande fête du football, c’est le moment de lui rendre sa liberté.
Cette pétition a déjà reçu de nombreux signataires et est relayée par Libération ce lundi 20 novembre.
À vous !