Votre amitié est mon bouclier
À vous tous qui êtes rassemblés ici ce soir. Je vous remercie infiniment pour votre amitié.
Je ne sais pas si vous êtes conscients de la force extraordinaire que vous possédez, ainsi réunis, tous ensemble. Une force qui donne à l'homme que je suis, assis dans sa cellule de prison, à des milliers de kilomètres de chacun de vous, une confiance immense, une détermination totale. Celle de résister. Celle de croire à l'espoir. Votre amitié est mon bouclier. Aucune tyrannie ne saura le perforer. Votre amitié me protège.
Soyez certain que je connais la valeur d'un tel cadeau.
Paris me manque. Ses lumières, ses rues, ses sons, ses couleurs. Je ne suis pas certain de revoir Paris.
Alors, si ce soir, en sortant, vous passez près d'un bistro, buvez un verre, pour moi aussi.
Je vous embrasse avec tendresse.
Ahmet Altan
Lundi dernier nous étions rassemblés autour d'Asli Erdogan, Aysegul Sert, Timour Muhidine, et Guillaume Perrier pour évoquer la dissidence dans la Turquie d'Erdogan (Recep Tayyip).
Les récits croisés de nos invités ont donné une réalité concrète à la censure et à la violence d'Etat, ainsi qu'aux formes de résistance qui s'inventent face à elles.
Auparavant, Aysegul Sert, journaliste et collaboratrice du New York Times et du New Yorker, a lu une courte et magnifique lettre d'Ahmet Altan, journaliste et écrivain actuellement emprisonné, à qui nous dédiions cette soirée. Nous vous la partageons ici.
Un grand merci à la Mairie de Paris, aux éditions Actes Sud et à tous ceux qui se sont joints à nous pour faire bouclier !