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1001 nuits… en prison


Ce jeudi 20 juin, le célèbre romancier et journaliste turc Ahmet Altan passera sa mille et unième nuit en prison. Arrêté en 2016, comme des milliers de fonctionnaires, d’enseignants, de journalistes ou de militants attentifs au sort des Kurdes ou appelant à la reconnaissance du génocide arménien, il a été condamné à la prison à perpétuité. Il y a quelques semaines, sa peine a été confirmée par la Cour Constitutionnelle. Ahmet Altan a 69 ans. Ses textes de prison, qui paraîtront début septembre aux éditions Actes Sud, s’intitulent Je ne reverrai plus le monde. L’écriture maintient vivant cet homme qui a perdu l’espoir de recouvrer la liberté.


Il y a quelques jours, une universitaire franco-turque, l’historienne Noémi Lévy-Aksu, spécialiste de l’Empire ottoman, a été condamnée, elle, à 30 mois de prison. Son crime : avoir signé en 2016, avec plus de 800 enseignants et intellectuels vivant en Turquie, un manifeste dénonçant les massacres et mauvais traitements infligés aux Kurdes en Turquie (retrouvez le texte en cliquant sur ce lien : http://www.susam-sokak.fr/2016/01/ne-soyons-pas-complice-de-ce-crime-par-notre-silence.html). Vivant dans ce pays depuis 2003, enseignante depuis 2010 à l’Université du Bosphore à Istanbul, Noémi Lévy-Aksu a été chassée de son poste aussitôt après avoir signé cette pétition. Elle a organisé en 2018 une table ronde à l’EHESS à Paris sur la répression des universitaires en Turquie. Les autorités turques l’ont donc incluse dans la liste des victimes de cette chasse aux sorcières. Quelques semaines avant sa condamnation, elle écrivait : « J'aime l'université du Bosphore, j'aime mon travail, et par-dessus tout j'aime mes étudiants. Aussi, je combattrai par tous les moyens pour retrouver mon emploi et pour continuer de vivre en Turquie. Maintenant, si je dois choisir entre ma position universitaire et ma liberté d'expression ou mon droit de m'opposer à l'injustice, je choisirai sans hésitation la seconde option ». Noémi Lévy-Aksu, juste après le verdict, a pu prendre un avion pour Londres, où elle vit depuis qu’elle a perdu son poste à l’université de Bosphore. Mais elle compte bien retourner en Turquie.


Comme tous les autres inculpés ou prisonniers d’opinion, Ahmet Altan et Noémi Lévy-Aksu méritent d’être lavés des accusations dont ils font l’objet. Soyons attentifs à l’élection de ce dimanche à Istanbul, qui remplace les précédentes, annulée par Erdogan parce que le candidat de son parti y avait été battu par l’opposition. Peut-être les choses vont-elles commencer à changer.



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