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Svetlana Alexievitch. Comment elle est devenue dissidente

Svetlana Alexievitch participe au Conseil de coordination de l’opposition au pouvoir d’Alexandre Loukachenko au Bélarus après le scrutin truqué du 9 août. Elle a été convoquée, à ce titre, par la justice. On a cru à un moment qu’elle allait être arrêtée. Elle est ressortie libre après avoir refusé de répondre aux questions des enquêteurs : « je ne me sens coupable de rien », a-t-elle déclaré.

Comment cette prix Nobel de littérature, autrice de « romans à voix » bouleversants sur les femmes durant la Seconde Guerre mondiale (La Guerre n’a pas un visage de femme), la guerre d’Afghanistan (Les Cercueils de zinc), Tchernobyl (La Supplication) ou la fin du communisme (Ensorcelés par la mort, La Fin de l’homme rouge), est-elle devenue une figure de l’opposition au régime ? Cela n’avait rien d’évident. Svetlana Alexievitch, que nous avions longuement rencontrée en 2014 à Minsk, n’a jamais été une dissidente. Fille de communistes, elle n’a découvert les ouvrages de Soljenitsyne ou les activités des dissidents soviétiques que très tard. Elle a emprunté une autre voie : celle de la quête d’une vérité humaine dissimulée par la propagande. L’arrivée au pouvoir de Loukachenko en 1994 et la fiction néo-soviétique qu’il impose la fait réfléchir sur ce

t étrange désir de communisme qui anime les peuples de l’ancienne URSS. Elle dénonce la brutalité du régime, qui par exemple, en 2010, réprime brutalement les manifestations. Mais lorsque nous lui avons demandé si elle accepterait un jour de prendre la tête d’une opposition morale au dictateur, à la manière d’un Sakharov, elle nous avait alors répondu : « je ne suis pas le Dalaï-Lama ». Ce jour-là, nous l’avions quittée en espérant que les événements lui fassent un jour changer d’avis. Ce jour est arrivé.

Voici un bref portrait de Svetlana Alexievitch réalisé par Camille Renard sur France culture. Bon visionnage (cliquez sur l'image).

Et vive le Bélarus libre !




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