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Belarus : la cyber-résistance s'organise

Au 134e jour de contestation des élections, la résistance populaire et pacifique des Bélarusses ne faiblit pas. Hélas, la répression redouble tout autant de violence. Des images des arrestations de citoyens par la police ont fuité et circulé en fin de cette semaine sur les réseaux sociaux, et témoignent de la détermination du pouvoir à étouffer l’opposition. La violence d’Etat est implacable : aujourd’hui, afficher à sa fenêtre le simple mot drapeau (sans même afficher les couleurs rouge et blanc du Belarus libre) expose à une arrestation. Depuis le début de la mobilisation, les Bélarusses ont recouru aux réseaux sociaux pour relayer efficacement auprès des médias les violences policières, mais aussi pour organiser et coordonner leurs actions.


Comme on l’observe depuis 2011 avec les révolutions arabes, mais aussi à Hong-Kong ou en Turquie et en Iran, les applis de messagerie permettent de mobiliser très rapidement, d’alerter et de diffuser une information avec un impact démultiplié.

Au Bélarus, c’est la messagerie Telegram, très populaire également en Russie, qui permet aux habitants de Minsk de fédérer les actions de quartier (voir à ce sujet notre article du 22 novembre ici).

Le site dze-chat sert de portail d’entrée vers les très nombreux groupes de conversation (chats) et les canaux d’information Telegram créés depuis le début de la mobilisation. À partir d’une carte, on peut visualiser par quartier de Minsk voire par cour d’immeuble le nom des groupes créés, et pour chacun le nombre de participants, le drapeau sous lequel il est identifié, décliné d’après le drapeau rouge et blanc devenu symbole de la résistance.

Les développeurs bélarusses ont mis en place en complément un formulaire pour faire référencer un nouveau groupe de quartier, ainsi qu’un guide très clair et accessible pour les citoyens qui souhaiteraient se rallier : quelles ressources y trouver, quels types d’actions y entreprendre en ligne ou dans la vraie vie, comme relayer une pétition, connaître les services de covoiturage qui permettent d’entrer et sortir d’un quartier qui serait bouclé par les forces de police, installer un brasero ou encore imprimer des QR codes pour rejoindre un chat de quartier.

Ils ont également déployé des bots ainsi que le permet Telegram. Cette application étant en open source, n’importe quel développeur peut en effet créer et déployer un programme qui exécuterait automatiquement une tâche - en d’autres termes, un bot - ou adapter un bot existant. Ainsi un bot a-t-il été créé par dze-chat pour éliminer des utilisateurs suspects sur un fil de conversations : au-delà d’un certain nombre de participants, il y a inévitablement des agents infiltrés, explique le photographe Anton Motolko sur son canal Telegram. D’autres bots permettent de supprimer les images ou vidéos partagées, ou encore d’effacer les informations à propos des internautes qui rejoignent ou quittent un chat, etc.

Remarquable outil de mobilisation citoyenne, dze-chat est présenté au sein de l’exposition Belarus.Protest.Art. en place jusqu’au 27 décembre au 59 Rivoli.


Sumi Saint Auguste

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