« La machine respire, moi - non »
Les manifestations se poursuivent au Belarus. Face à la répression, les Bélarusses trouvent de nouvelles formes pour exprimer leur révolte et réinventent au jour le jour la désobéissance civile : marches “partisanes” dans les quartiers dortoirs, happening de chants révolutionnaires organisés dans les centres commerciaux, danses collectives. La semaine dernière, l’exposition “La machine respire, moi - non”, vivement réprimée par le régime, dénonçait le déni et le mensonge autour de l’épidémie du Covid 19. Elle a été par deux fois interdite.
L’épidémie du COVID-19 reste un sujet hautement politique au Bélarus. Son ampleur a été
longtemps cachée aux citoyens, au prix de nombreuses vies humaines. Les médecins bélarusses estiment qu’il y a environ 40 000 morts alors que le bilan officiel fait état de 2300 morts. Un an après son démarrage, alors qu’elle n’existait pas pour Loukachenko, l’épidémie a été officiellement vaincue.
L’exposition “La machine respire, moi - non” regroupait cinq projets artistiques sur le thème du combat contre le COVID-19, sujet sensible pour Loukachenko :
“Zone rouge” - un photoreportage depuis un hôpital à Vitebsk ;
"Où sont toutes les fleurs?” - des photos d’installations de fleurs fanées sur des pages de journaux remplies de statistiques des victimes de COVID ;
“Les notes des patients” - exposition des notes prises par les malades sous respirateurs pour communiquer avec les médecins et souvent derniers messages des mourants ;
“Manifest”- une œuvre vidéo appelant les Bélarusses à la solidarité et faisant référence à l’immense élan de solidarité lancé par la société civile pour faire face au début de l'épidémie en mars 2020, équiper le personnel soignants de matériel de protection et pallier la carence de l’Etat ;
enfin le projet “Les histoires des médecins. 2020” fait découvrir un autre visage des médecins, plus humain et les montre comme des acteurs engagés de la société civile.
Sans surprise, l’exposition a été deux fois interdite.
La commission sanitaire a d’abord fermé le 1er avril l’espace culturel “Mestsa” à Minsk où elle avait lieu, un jour après son vernissage. C’est ensuite sa version virtuelle qui a été suspendue le 6 avril, à la suite de l’arrestation des deux organisateurs de l’exposition, Natalia Tranina et Tatiana Hatsura-Yavorska, qui risquent trois ans de prison. Des perquisitions ont eu lieu dans les appartements de tous ceux qui avaient été liés à l’organisation de l’exposition, leurs ordinateurs et disques durs ont été confisqués. Ils sont aujourd’hui accusés d’« organisation et de financement de troubles massifs ».
Alice Syrakvash
Pour en savoir plus, la page Instagram de l’exposition: https://www.instagram.com/mashina_dyshit/
Les notes des patients. Photographie extraite de l'exposition "La machine respire, moi - non". Droits réservés
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