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L’Ukraine : un pays en dissidence ?

A quelques heures du premier tour de la présidentielle, avant le second tour du 21 Avril, il faut rappeler que l’Ukraine subit toujours les effets (parfois pervers) de la guerre.


Un président sortant, Petro Porochenko, qui défend ses réformes tout en étant accusé, lui aussi, de corruption et de coups tordus. Une survivante de la Révolution orange de 2004, Ioulia Timochenko, qui promet des lendemains qui chantent. Et un acteur comique qui fait rêver ceux qui ne font confiance à personne. Nous saurons dimanche quels seront les deux finalistes. Mais il ne faut pas oublier que l’arrière-plan de ces élections est la guerre, qui continue à l’est du pays, et qui continue de briser des vies et menace en permanence la démocratie ukrainienne. Ce conflit, alimenté par la Russie, furieuse de voir l’Ukraine se rapprocher de l’Europe, a un double effet.

Le premier est l’apparition de prisonniers de guerre, d’otages du Kremlin détenus en Russie pour punir Kiev. Il s’agit d’Oleg Sentsov, de Roman Souchtchenko, de Viktor Chour et des 70 personnes arrêtées pour des raisons fallacieuses, mais aussi des 24 marins dont le navire a été arraisonné par la Russie en novembre 2018 au large de la Crimée, ou encore des vingt-quatre Tatars de Crimée arrêtés par le FSB le 27 mars dernier… La répression se poursuit. L’Etat russe cherche à déstabiliser son voisin en refusant de les libérer, malgré les demandes et les médiations.


Mais cette guerre a également des effets pervers. Elle échauffe les esprits, elle durcit les attitudes, elle nourrit parfois un nationalisme agressif, elle ne laisse d’autre choix à personne que d’être « ami » ou « ennemi ». C’est pourquoi il ne faut pas oublier les nouveaux dissidents apparus en Ukraine elle-même : ces militants antifascistes ou anti-corruption, quelquefois battus, pourchassés, voire tués, comme Kateryna Gandziouk, morte en novembre dernier à la suite d’une attaque à l’acide parce qu’elle avait osé lutter contre la corruption au sein des forces de l’ordre. Ou comme l’avocat Tatar Emil Kourbedinov, qui défend les activistes malgré les arrestations et la pression permanente par les autorités russes en Crimée occupée.


Le véritable enjeu de ces élections est de continuer de déployer la démocratie, même en temps de guerre. Selon les sondages, un quart des électeurs n’a pas encore choisi son candidat. Quel que soit le choix des Ukrainiens ce dimanche, il sera crucial pour les cinq ans à venir et peut être crucial pour les citoyens Ukrainiens emprisonnés par la Russie.




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