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Maroc : que se passe-t-il dans le Rif ?

Au Maroc, la répression contre le mouvement social du Hirak, dans le Rif, n'en finit pas et les procès contre les manifestants continuent. Dans le même temps, la population de Al Hoceïma, au Nord du pays, vit sous le joug policier.


A l'automne 2016, Mohcine Fikri, un vendeur de poisson de la ville de Al Hoceïma se fait confisquer sa marchandise. Alors qu'il tente de la récupérer dans le camion benne dans laquelle elle a été jetée, il trouve la mort broyé par la machine. Une scène terrifiante, filmée par la foule qui entoure le camion.


Cet événement marque le début du Hirak, ("la mouvance") mouvement de contestation populaire de la région septentrionale du Rif. "Cette mort a été l'élément déclencheur de la contestation qui a permis l'expression d'un sentiment d'humiliation latent. Les citoyens demandaient la tenue d'une enquête et que les responsables soient jugés ; à force de rassemblement des demandes socio-économiques et la levée de la présence militaire dans le Rif ont également émergé", nous rapporte un contact local qui souhaite rester anonyme.

De nombreuses manifestations ont lieu dans plusieurs villes du pays, pour réclamer plus de justice sociale, sans que le pouvoir ne réagisse, jusqu'en mai 2017, date à laquelle Nasser Zefzafi, considéré comme une figure majeure de la contestation, intervienne dans une mosquée à la suite du prêche d'un imam hostile au Hirak. Cette réaction sert de prétexte aux autorités pour déclencher une vague de répression — dont les prémisses se faisaient sentir dans la région à travers le déploiement d'une base pour les forces de l'ordre à l'Ouest d'Al Hoceima et la mise en place de multiples check-points aux entrées des agglomérations de la province.


Les manifestations sont alors réprimées plus durement et les arrestations se multiplient.


Au total 400 à 500 personnes sont toujours détenues et environ 700 personnes sont poursuivies. Cinquante quatre personnes, considérées comme les meneurs du mouvement, ont été transférées à Casablanca où leur procès a lieu depuis la fin du mois de janvier. Elles encourent jusqu'à 20 ans d'emprisonnement. Elles sont accusées d'atteinte à la sécurité intérieure, tentative de sabotage, de meurtre et de pillage ou encore conspiration contre la sécurité intérieure.


Cette situation est dénoncée par les organisations internationales comme Human Rights Watch, qui demande que soit réexaminée la peine prononcée à l'égard d'un manifestant, dont les aveux auraient été obtenus de force.


Alors que les peines de prison tombent les unes après les autres, avec des condamnations allant de quelques mois à 3 ans de prison, pour la majorité des condamnés, et des peines atteignant 20 ans de prison pour d'autres, la situation à Al Hoceïma ne s'est pas améliorée. "Aujourd'hui Al Hoceïma vit dans un climat de terreur. Il y a une sur-présence policière, pour empêcher la reprise de toute manifestation", explique le même contact sur place.


Les manifestants sont à bout de souffle, les autorités n'épargnant personne. Les citoyens ont le sentiment que la petite marge de liberté acquise après 2011 a disparu, et que la liberté d'expression est en recul. Ainsi des inculpés se voient reprocher des statuts publiés sur les réseaux sociaux.


Hélas, les informations sur le mouvement Hirak percent difficilement et il ne nous parvient que des perspectives assez sombres quant à la suite.


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