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Un 18 mars de funeste mémoire


Photo du cahier écolier de Crimée "C'est quoi la patrie? Exercice n1 Colorie le drapeau de la Russie (c)polit.reactor.cc

Aujourd’hui la Russie a réélu son président, qui vraisemblablement, à l'image de Xi Jinping il y a dix jours, ne semble plus vouloir céder sa place à quiconque. La date de ce scrutin n'a pas été choisie au hasard pour qui se souvient du sort de la Crimée en 2014.


Depuis quatre ans que cette région ukrainienne a été annexée par la Fédération de Russie, malgré l’indignation de la communauté internationale, on compte des milliers de personnes déplacées, forcées de quitter leur domicile, des activistes et des dissidents emprisonnés pour s’être opposés à l’annexion de la péninsule, des vies brisées. Pour Oleg Sentsov, Oleksandr Koltchenko, Rechat Akhmetov, Seiran Zinedinov et beaucoup d’autres activistes illégalement enlevés ou portés disparus depuis les événements de 2014, cette date anniversaire est bien funeste.


La communauté des Tatars de Crimée exilée en Ukraine continentale continue à se réunir pour parler de leur patrie annexée, enquêter sur la situation des droits humains en Crimée et faire des campagnes de sensibilisation auprès des institutions européennes et des Nations Unis. En décembre dernier, Sevgil Musaieva et Alim Aliev, tous les deux d’origine tatare, étaient à Paris en visite officielle pour alarmer les élus et la société civile française sur le danger de l’annexion pour l’Europe et de la militarisation de la péninsule. Nous les avons rencontrés.


Quel message avez-vous pour la France ?


Sevgil Musaieva : Nous voulons souligner les trois tendances majeures qui se déroulent actuellement en Crimée et alarmer la communauté internationale devant les conséquences qu’elles peuvent avoir pour la sécurité régionale. Premièrement, la transformation de Crimée en zone hautement militarisée. La Crimée est déjà utilisée par la Russie comme base militaire pour son opération en Syrie, et peut devenir un facteur d’instabilité dans la région. Un grand nombre d’équipements militaires est d’ores et déjà regroupé en Crimée. Deuxièmement, la création d’institutions parallèles de la communauté tatare sape le fondement historique des relations avec les institutions et le pouvoir. Enfin, il y a le remplacement de la population. Les conditions sont telles qu’elles poussent les gens à quitter la péninsule. Ensuite les autorités font venir de Russie une population loyale envers le pouvoir. Les organisations internationales se focalisent sur la violation des droits humains en Crimée. C’est pourquoi il est important de signaler ces tendances qui reçoivent très peu d’écho à l’étranger.


Alim Aliev : Il s’agit aussi de recommandations adressées aux autorités françaises et organisations internationales. Tout d’abord sur le fonctionnement permanent des missions internationales de défense des droits humains en Crimée. La deuxième recommandation est la création d’une plateforme de négociations pour la désoccupation de Crimée. Nous savons bien que la Russie n’y participera pas, mais cette plateforme doit répondre à un cadre légal, notamment du droit international, du droit humanitaire et du droit des peuples indigènes. Il faut ensuite poursuivre la coopération avec les initiatives en Crimée, notamment le soutien des prisonniers politiques et de leurs familles. Enfin et surtout, il faut travailler au renforcement et à l’élargissement des sanctions. Il faut non seulement conserver les sanctions économiques existantes, mais établir une liste des sanctions visant les individus qui sont coupables de violation des droits humains.


C’est la première mission de plaidoyer à Paris pour Sevgil Musaieva et Alim Aliev. De nombreux leaders des Tatars de Crimée se sont déjà rendus à plusieurs reprises dans la capitale française après l’annexion de la Crimée. L’un des objectifs de cette mission est de faire entendre les voix des prisonniers politiques qui purgent leurs peines dans les prisons en Russie. Selon les activistes, la situation en Crimée doit rester à l’ordre du jour des élus français et de la communauté internationale. Quant à la France, Emmanuel Macron a déclaré en juin dernier que Paris ne reconnaîtrait pas l’annexion de la Crimée. En visite lors de l'inauguration du salon Livre Paris jeudi dernier, Il s'est aussi vu remettre un exemplaire des Récits d'Oleg Sentsov (Editions L'Harmattan).


À ce jour, l’Ukraine compte 53 prisonniers politiques, dont 30 sont des Tatars de Crimée.




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